MONIER Etienne
 Né à Estagel le 21 avril 1889, guillotiné à Paris le 21 avril 1913 ; anarchiste illégaliste ; membre de la bande à Bonnot.

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Le 21 avril 1889, 'Etienne MONIER dit SIMENTOF est né à Estagel, (Pyrénées-Orientales). Ses parents, Jacques Monier et Élisabeth Monier, sont notés comme propriétaires à l’état-civil de la commune. Au moment du conseil de révision, il réside à Arles-sur-Rhône (Bouches-du-Rhône) où il est jardinier.

Estagel est une commune fortement marquée par l’anarchisme. En 1909, le commissaire central de Perpignan estime que c’est « la localité du département qui compte le plus d’anarchistes. Ils sont 130 à 150 propagandistes et lors des élections parviennent à provoquer 300 abstentions. Ils forment un groupement à part et ont l’intention de fonder une colonie libertaire. » C’est dans cette commune que  le 21 juillet 1909, salle Arago à la mairie, 400 à 500 personnes assistent à une conférence de l’anarchiste illégaliste Lorulot, rédacteur de La Guerre sociale et de L’Anarchie. Ce dernier anime onze conférences dans les Pyrénées-Orientales du 15 au 24 juillet 1909, pour éduquer le mouvement ouvrier à l’antimilitarisme. Monier, devenu proche de Lorulot, l'accompagne ensuite dans ses tournées et rejoint Paris.

Le 4 décembre 1910 il refuse de faire son service militaire au 142e régiment d’infanterie et il est déclaré insoumis par les autorités militaires. Il change alors d'identité utilisant les papiers d'un ami anarchiste du nom de Samuelis Simentof  (né le 15 janvier 1887 à Síros en Turquie) et part en Belgique où il devient camelot. Il y fait la connaissance des membres belges de la future bande à Bonnot Callemin et Carouy et des anarchistes exilés comme Garnier, déserteur de l’armée française, et Valet. Ils rejoignent la communauté de Romainville où Victor Kibaltchiche et Rirette Maîtrejean éditent le journal L'Anarchie que Lorulot a abandonné. C’est là qu’il se lie avec Jules Bonnot et les autres compagnons illégalistes (que la presse désignera sous le nom de "Bande à Bonnot"), avec qui il participe à certaines actions violentes. Le 25 mars 1912, il est à Montgeron pour le vol d'une automobile (où il y a mort d'homme), puis à Chantilly, où il prend part à l'attaque de la Société Générale, banque où deux employés sont tués. Il se lie avec une jeune couturière, Marie Besse, née le 31 octobre 1894. Le 24 avril 1912, il est arrêté dans un petit hôtel de Belleville.

Lorulot n’est pas inquiété mais se pose la question de sa responsabilité « dans ces hécatombes », peut-être en raison de ses liens avec Monier. Il avait écrit : « Les actes illégaux sont intéressants lorsqu’ils peuvent être faits sérieusement avec des risques minimes et des profits satisfaisants. » (L’Anarchie n° 42 du 25 janvier 1906).

A partir du 3 février 1913, Monier comparaît devant les assises de la Seine avec les survivants et les complices de la bande. Le 27 février, il est condamné à mort avec Raymond Callemin, Eugène Dieudonné et André Soudy. Il est guillotiné le 21 avril 1913. Sur le feuillet matricule sont inscrits au crayon ces trois mots « Guillotiné. Bande Bonnot ».


Sources :

DBMOF, version CD.Rom, 1997 : notices de Monier et de Lorulot. Archives départementales des Pyrénées-Orientales 5 Mi 200 : acte de naissance d’Etienne Monier.  ADPO 1 M 784 : rapport du commissariat central de Perpignan au préfet, le 26 juillet 1909. ADPO 1 R 495 : feuillet matricule n° 174 de la classe 1909. MAITRON, Jean, Ravachol et les anarchistes, Paris, Gallimard, 1964, 2ème édition 1992, 214 p. pp. 200-201.  MAITRON, Jean, Le Mouvement anarchiste en France, tome 1, Paris, Maspero, 1975, 486 p. pp. 430-434. Site internet : http://www.ephemanar.net/aout20.html. Informations et iconographie.


Miquèl Ruquet